Dans B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e aujourd’hui, la dissolution de l’Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron, les résultats des élections européennes en France et dans l’UE et la notion de Spitzenkandidat.

Le parti d’extrême droite a enregistré une forte progression par rapport à 2019, tandis que Renaissance connaît un important recul.

Le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête des élections européennes hier en France, avec 31,4 % des suffrages exprimés, selon les résultats quasiment définitifs du ministère de l’Intérieur. Le parti d’extrême droite enregistre une forte progression par rapport au scrutin de 2019 (23,3 %) et se voit attribuer 30 sièges au Parlement européen sur les 81 à pourvoir pour la France. La liste menée par le parti de la majorité présidentielle Renaissance arrive en deuxième position, avec 14,6 % des suffrages exprimés (13 sièges), en fort recul par rapport à 2019 (22,4 %).

La liste du Parti socialiste-Place publique est troisième (13,8 %, 13 sièges), en hausse de 7,6 points par rapport au dernier scrutin. Viennent ensuite les listes de La France insoumise (+3,6 points), des Républicains (-1,3 point), des Écologistes (-8 points) et Reconquête (5,5 % des suffrages exprimés). Toutes les autres listes ont enregistré moins de 5 % des voix, le seuil requis pour être représentées au Parlement européen. La participation s’est élevée à 51,5 %, en hausse par rapport à 2019 (50,1 %).

À l’issue du scrutin qui s’est tenu entre jeudi et hier dans les pays de l’UE, l’équilibre des forces au Parlement européen demeure sensiblement le même. Le groupe du Parti populaire européen (centre droit, conservateur) reste le premier groupe politique et progresse, avec 185 eurodéputés contre 176 dans la précédente législature, selon les estimations du site officiel des résultats provisoires européens. Les Socialistes et démocrates restent la deuxième force, avec un chiffre stable de 137 eurodéputés.

En revanche, le groupe Renew, auquel appartient Renaissance, enregistre un fort recul (-23 députés européens), de même que Les Verts-Alliance libre européenne qui perdent 19 élus. Les deux groupes d’extrême droite, Identité et démocratie et les Conservateurs et réformistes européens, gagnent respectivement 9 et 4 sièges. Des partis d’extrême droite sont arrivés en tête en Italie et en Autriche. La participation est estimée à près de 51 % en moyenne dans l’UE, selon le Parlement européen.

Au lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en réaction aux résultats des élections européennes, les tractations entre partis politiques ont commencé. La tête de liste du RN, Jordan Bardella, et celle de la liste Reconquête, Marion Maréchal, se sont rencontrés cet après-midi. Le président du RN a dit aujourd’hui avoir également eu des discussions avec des cadres Les Républicains, à qui il « souhaite aussi tendre la main ». Jordan Bardella « est notre candidat pour aller à Matignon », a déclaré ce matin sur RTL le porte-parole du parti, Sébastien Chenu. Marion Maréchal avait appelé hier soir à une « coalition des droites ». En parallèle, une réunion entre LFI, le PS, le PCF et Les Écologistes se tenait également cet après-midi. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a appelé à « un front populaire », tout comme le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et le député LFI François Ruffin. Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a déclaré ce matin sur France Inter que son camp ne présenterait pas de candidat face aux députés sortants souhaitant « s’investir » dans « le projet que nous porterons ».

Emmanuel Macron a annoncé hier soir dans une allocution télévisée la dissolution de l’Assemblée nationale pour « redonner le choix de notre avenir parlementaire » aux Français. « La France a besoin d’une majorité claire pour agir dans la sérénité et la concorde », a-t-il ajouté. Le décret de dissolution publié cet après-midi suspend les travaux en cours à l’Assemblée nationale, dont les projets de loi sur la fusion de l’audiovisuel public et sur la fin de vie. Les élections législatives se tiendront le 30 juin et le 7 juillet. Emmanuel Macron a « essayé de devancer une réussite du RN à la présidentielle de 2027 », a estimé aujourd’hui auprès de B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e Luc Rouban, politologue au centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Si les membres du RN « ne sont pas capables de gérer le gouvernement, ils seront encore moins capables de gérer l’Élysée », a-t-il poursuivi, estimant qu’Emmanuel Macron leur tendait ainsi « un piège ». Le parti Renaissance dispose d’une majorité relative à l’Assemblée nationale depuis les législatives de 2022.

La Constitution confère au président de la République le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale, sauf pendant l’année qui suit une précédente dissolution de la chambre. L’Assemblée nationale a été dissoute à cinq reprises par les présidents de la V^e République. « La dissolution permet au président de la République de résoudre une crise ou un blocage institutionnel en cours ou à venir. C’est un pouvoir d’arbitrage », explique Vie-publique‌.‌fr, un site de l’administration française. Charles de Gaulle et François Mitterrand ont chacun dissout l’Assemblée nationale à deux reprises et, à chaque fois, leur parti a obtenu une majorité, bien que pas toujours absolue. En 1997 en revanche, la dissolution prononcée par Jacques Chirac dans le but de renforcer sa majorité a abouti à la victoire de l’opposition à l’Assemblée nationale. Le président de la République de droite a ainsi nommé un Premier ministre de la majorité de gauche, Lionel Jospin, donnant lieu à une cohabitation qui a duré cinq ans.

Malgré des scores élevés dans plusieurs pays, l’extrême droite peinera à imposer ses idées au Parlement européen en raison de ses divisions, analyse pour B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e Luc Rouban, politologue au centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof).

Les eurodéputés élus aux élections européennes du 6 au 9 juin peuvent former leurs groupes politiques avant le 15 juillet, veille de la première séance plénière de la nouvelle législature qui désignera le président du Parlement européen. Les présidents des groupes politiques fixeront ensuite la date de l’élection du président de la Commission européenne, l’une des deux branches exécutives de l’UE. Les groupes politiques du Parlement peuvent proposer chacun un Spitzenkandidat, « candidat tête de liste » en allemand, pour briguer la présidence de la Commission européenne. Selon le traité sur l’UE, le président de la Commission européenne est élu par le Parlement européen, sur proposition du Conseil européen, qui réunit les dirigeants des 27 États membres de l’UE. Le système du Spitzenkandidat prévoit que le chef de file du groupe ayant gagné le plus de sièges lors des européennes soit proposé par le Conseil européen. Ce système n’est toutefois pas imposé par les traités. Le Conseil européen doit seulement tenir « compte des élections au Parlement européen », selon le traité sur l’UE. L’actuelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été désignée le 7 mars Spitzenkandidatin par le Parti populaire européen, arrivé en tête des européennes.

Pour en apprendre plus sur les rouages du Parlement européen de manière divertissante, la rédaction de B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e vous recommande la série « Parlement », diffusée sur France.tv [accessible avec un compte gratuit]. On y suit, sur trois saisons, les aventures de Samy, nouvel assistant parlementaire français qui débarque à Bruxelles. Les scénarios de cette comédie donnent à voir de plus près le fonctionnement de l’institution, les personnages sont attachants et les répliques souvent drôles.

Vous voilà « briefés » sur l’actualité du jour et quelques autres considérations. On vous souhaite une bonne soirée à parlementer avec le sourire.

— Mathilde Belin, Julie Bringer, Laurent Mauriac et Séverine Mermilliod

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